[Ce billet a été rédigé par Kebens, un élève-avocat rencontré sur le réseau social Twitter. Il m'a proposé de partager son expérience sur la préparation à l'examen d'entrée à l'EDA qui est différente de la mienne et c'est avec un réel plaisir que j'ai accepté de publier son billet.]
Comme Petit Avocat l’a déjà
exposé précédemment dans les pages de ce blog, il n’y a pas une
recette miracle pour préparer l’examen du CRFPA. En réalité, de
nombreux paramètres pouvant être modulés par les étudiants, c’est
à chacun de faire ses propres choix, et donc, sa propre
recette.
Lecteur de ce blog, j’ai ainsi pu suivre la préparation
de Petit Avocat à cet examen, notant cependant de nombreuses
différences avec ma propre approche. En contact via Twitter, je lui
ai proposé d’exposer mon expérience sur son blog, à l’occasion
de ce billet qui, je l’espère, contribuera à enrichir
l’information déjà dense que propose ce blog concernant le CRFPA
et les IEJ. Je le remercie au passage pour son hospitalité !
J’ai
choisi de passer cet examen à l’issue de mon Master 2, qui était
un Master généraliste de droit des affaires assez dense. J'ai donc
commencé à réviser l'examen seulement début juillet.
Commençant
une formation en école de commerce le 9 septembre à Paris, mon
timing était donc plus que serré. C’est là que la théorie dite
«des choix stratégiques» entre en jeu (il y a autant de stratégies
chez les étudiants en droit que de sélectionneurs nationaux chez
les amateurs de foot).
Le choix des matières
Pour ce qui
est des matières écrites, j'avais pris droit commercial, pour avoir fait
beaucoup de droit des sociétés - matière large, peut-être la plus
large des 11 proposées, mais celle qui m’intéressait le plus.
Premier conseil, donc : vous allez passer du temps sur vos révisions,
surtout pour les écrits, donc prenez quelque chose que vous avez
vraiment envie d'apprendre, ou à défaut que vous n’allez pas
détester au bout d'une semaine.
Comme procédure, la pénale l’a
emporté sur la civile. Pour la même raison que le droit commercial
(intérêt pour la matière), mais également d’un point de vue
stratégique, dans la mesure où beaucoup du programme de procédure
pénale se retrouve en libertés fonda, pour le grand O (garde à
vue, procès équitable,...).
À vous de mettre les différents
intérêts en balance, sachant quand même que se lancer en procédure
pénale sans trop savoir ce que c'est, ça peut être dangereux
aussi... donc le fait d'avoir vu auparavant les matières entre en
compte.
Une certaine cohérence avec votre projet futur entre
aussi en jeu, à mon sens : quitte à explorer à fond une matière,
à y passer du temps, autant que celle-ci vous serve plus tard.
Certaines de mes connaissances prenaient famille ou patrimonial à
l’écrit, arguant que le programme est moins long et plus facile -
quand bien même ils comptaient plus tard exercer en droit des
affaires.
Pour ce qui est des matières de orales, j'avais
pris droit social (matière importante de mon M2), et je m'étais
fait dispenser de tout ce qui était possible, à cause du timing
serré qu’il me fallait affronter (je devais suivre les cours de
mon école en même temps que réviser les oraux).
Si néanmoins
vous êtes à l'aise en finances publiques ou en voies d'ex, ça peut
être stratégique de les prendre : un 11 ou 12 dans chacune des deux
matières peuvent vous sauver d'un mauvais grand O par exemple.
N’hésitez à vous renseigner à propos du niveau demandé dans
l'IEJ où vous êtes inscrit en revanche (il y a certains IEJ où la
compta est relativement facile et où ça vaut le coup de la prendre
même sans en avoir énormément fait).
Le temps que vous aurez
entre les écrits joue également beaucoup : entre Angers et Assas,
il y a plus d’un mois de différence. Les révisions s’en
ressentent...
En revanche, contrairement aux écrits : prenez
de préférence ce que vous aimez, mais pas forcément - vous n’y
passerez pas autant de temps que pour les écrits, et la sélection
se fait moins à l'oral qu'à l'écrit. Il peut donc être plus
intéressant et rassurant de choisir une matière comme famille ou
patrimonial, où si les chances de briller sont moindres, l'assurance
de limiter la casse est plus certaine avec un travail sérieux.
Le choix de la prépa
Une nouvelle fois je parle ici de mon
expérience perso, mais pour en dégager un conseil général :
faites votre prépa à la carte. S’il est vrai que la première
pensée à l’évocation d’une prépa privée est en général son
coût important, cette barrière peut être nuancée grâce à la
confection d’un support plus «light», qui peut vous apporter une
immense aide dans la canalisation de votre effort pendant tout un
été.
Par exemple, n’ayant pas du tout envie d'être dans une
classe avec 30 autres candidats tout l'été, avec un rythme et des
déplacement imposés, j'ai décidé de ne prendre que les supports
de cours proposés par la prépa d’un éditeur juridique très
connu des étudiants, avec l'actualisation qui va avec (une
newsletter papier envoyée chaque mois et également disponible sur
internet). Les supports ne reprennent pas tout, mais permettent
néanmoins rapidement de connaitre la plupart du programme.
J'ai
affiné cet apprentissage en parallèle avec des livres et surtout le
code, principalement pour compléter tel ou tel point que je sentais
ne pas suffisamment maîtriser. Pour ce qui est de l’apprentissage
théorique pur, donc, cette technique permet de ne pas s’éparpiller
dans les recherches et la collecte de cours, tout en vous laissant
très autonome sur la gestion de votre temps - pour certains
cependant, ce facteur peut être vu comme un danger. Il a également
comme autre avantage, par rapport aux cours proposés par les prépas,
de ne pas vous faire subir les discours de certains candidats aimant
annoncer à la ronde qu’ils sont super en avance sur le programme,
ou qu’ils ne comprennent pas tel ou tel point dont vous n’avez
jamais entendu parler (et qu’eux-mêmes auront sans doute oublié
le lendemain).
Pour les exams blancs, ceux proposés par l'IEJ
pendant l'année peuvent, à mon sens, suffire. Néanmoins, vous
pouvez ressentir le besoin d’en faire plus pendant l’été, ou
tout simplement ne pas avoir eu le temps de suivre l’IEJ pendant
l’année universitaire.
Dans ce cas, certaines prépas offrent
également à un coût moindre que les galops blancs « sur place » la
possibilité de composer chez soit, en toute autonomie, des galops
qui sont ensuite corrigés à distance.
Couplés au système de
révision «en autonomie», les examens à distance permettent
également de s’organiser sans les contraintes inhérentes à ce
type de service : pas de déplacement, un rythme plus souple (en
général vous avez une date butoir avant laquelle rendre sa copie).
La même rigueur est en revanche demandée.
Avantages :
N'ayant
pas de cours, et donc pas d’impératifs sur place, il est possible
de changer d’environnement de révisions. Changer de lieux permet
rythmer l’été, et donc de tenir aussi un peu mieux.
Ce système
a aussi l’intérêt d’être moins coûteux, et de vous laisser
libre de votre organisation.
Inconvénients :
Il convient ici
d’admettre que cette organisation correspond à des étudiants qui
bossent mieux seuls qu'avec des gens, et qui se font sans problème à
l’autonomie complète. En plein été, c'est tentant de dormir
jusqu'à 9-10h quand aucun cours à 8h ne vous attend...
Idem pour
ce qui est du contact : ce système peut conduire à être H24 dans
sa chambre sans voir personne. Ça peut rendre fou, n’hésitez pas
à prendre un peu l’air quand même - mais pas trop :)
Enfin,
cette quasi-autarcie donne peu de repères par rapport au programme
(surtout si vous voyez peu de «préparants», et qu'aucune prépa
n’est là pour vous dire que la semaine prochaine il faudra avoir
vu tel thème). Mais une nouvelle fois, ça se gère avec un peu
d'organisation.
Pour conclure
Cet examen est un
marathon, et il faut veiller à ne pas se laisser déborder par la
masse de travail demandée. Quoi qu’il en soit, on ne se sent
jamais vraiment prêt, car il est impossible de l’être à 100%.
Dites vous que c'est pareil, voire pire, pour les autres
!
Personnellement, je pense que l’organisation fait 50% du
résultat final, et que la chance y a son rôle à jouer. C'est donc
bien de s'y prendre tôt, de se lancer en ayant le sentiment d'avoir
fait les bons choix de matières, pour ne plus hésiter ou regretter,
de bien s'organiser l'été pour avoir l'esprit libre et de pas
hésiter à bouger pour aller réviser (maison de campagne, chez des
potes, etc), du moins si vous ne choisissez pas la prépa sur place.
Le cadre général de vos révisions vous aidera énormément à
tenir le coup, c’est donc aussi quelque chose qui se prépare.
Ah,
tiens, avant de vous laisser : que vous ayez déjà commencé vos
révisions, ou que vous ayez décidé de vous y mettre début
juillet, le grand O se révise à partir de... Maintenant ! Lisez les
journaux, les blogs juridiques, en vous demandant à chaque fois
quelle liberté est concernée (c’est presque toujours le cas quand
on y regarde de plus près). Même des infos minimes peuvent vous
resservir au sein de sujets qui peuvent ne pas vous inspirer du
tout.
Bonne chance et surtout... Bon courage !
Merci pour ce témoignage !
RépondreSupprimerBonjour ;
RépondreSupprimerNouvelle lectrice de votre blog, que je trouve très intéressant mais surtout utile, et actuellement en L3 de droit, j'aimerai savoir s'il est possible (d'oser) vous demander de rédiger un nouvel article, concernant le choix du master lorsque l'on souhaite tenter le CAPA. En effet, bien qu'il semble évident qu'un master droit privé général, soit prédestiné à la formation au CAPA, cela ne m’apparaît pas si clairement en fait.., et les nombreux « palmarès » classant les différents masters par fac ou par spécialités, ne semblent pas fonder leur statistiques en fonction du taux de réussite à certain concours mais plutôt en fonction du niveau de formation dispensée... et dans tout les cas ils ne donnent pas le genre de précisions que je recherche.
Bref, je trouve qu'il n'est pas évident lorsque l'on est en L3 de savoir quel master est le plus à même de nous former au mieux pour le CAPA, j'aimerai donc une sorte de classement (par domaine (droit social/droit public/..), et éventuellement par fac) des meilleurs masters pour former au CRFPA.
(Pour vous éclairer un peu plus je vous expose ma situation : je suis très intéressée par le droit social, cependant il ne me semble que les matières dispensées dans un master 1 droit social ne préparent pas aussi bien au CRFPA que les matières dispensées dans un master1 droit privé général, donc j'hésite et j'aimerai tenter le CRFPA en master 1).
Ce que je vous demande requiert un certain travail, j'en ai conscience, mais votre avis me semble, au travers de vos articles, très éclairé sur le sujet, c'est pourquoi je me suis permise. Bien entendu si vous ne pouvez pas, je comprendrai.
Cordialement, Annabelle.
Annabelle,
SupprimerTout d'abord, je suis désolé de te répondre aussi tard et je ne vais pas pouvoir approfondir ce sujet dans l'immédiat (surtout au regard de l'urgence de ta demande car j'imagine que tu vas devoir faire un choix définitif assez prochainement).
Ensuite, je rejoins totalement l'avis de Kebens.
Enfin, à moins que tu te destines à un exercice purement conseil/juridique (et non contentieux/judiciaire), le choix d'un M1 Droit Privé dispensant des cours de procédure civile avec TD peut être un bon compromis si tu continues ensuite vers un M2 Droit des affaires / Droit Social. Tu seras ainsi au fait de la procédure (ce qui manque parfois aux affairistes lors du CRFPA et de l'EDA). Cette option n'est toutefois pas conseillée si tu souhaites entrer dans un M2 Droit Social reconnu qui privilégiera les étudiants ayant obtenu un M1 en Droit des affaires.
Le plus important, fais tes choix plus par envie que par nécessité (à court terme) car tu devras toujours justifier ton parcours lors d'entretiens professionnels.
J'ai répondu un peu rapidement donc j'espère avoir été clair.
Bon vent !
Bonjour Annabelle,
RépondreSupprimerJe ne sais pas si Petit Avocat a pour idée de rédiger un article à ce sujet, mais je pense pouvoir répondre rapidement à ta question.
Le CRFPA est un examen qui s'adresse à des juristes, peu importe leur spécialité. Or il faut garder à l'esprit que les cabinets recrutent en fonction principalement du master que tu auras suivi, il est donc essentiel pour toi de choisir un M1 / M2 qui correspond bien à ce que tu souhaites faire plus tard, et non en fonction du taux de réussite au CRFPA qui n'est pas une donnée à prendre à compte, à mon avis.
Les épreuves de l'examen d'entrée proposent un cas pratique de spécialité à choisir dans une liste assez large, donc tu pourras prendre social si tu décides d'aller dans cette voie, et ne pas être pénalisée par rapport à n'importe quel autre master.
Certes, les épreuves de droit civil ou de procédure peuvent être plus facilement approfondies dans d'autres masters, mais il est tout à fait possible de les travailler par soi-même pendant les révisions même sans en avoir fait auparavant - ce fut typiquement mon cas.
Choisir le master en fonction de son taux de correspondance entre les matières du master et celle du CRFPA présente le risque de te bloquer dans ta recherche de collab une fois l'école terminée.
Bref, je te conseille de privilégier la vision à long terme et de choisir le master qui correspond le plus à ton projet professionnel. Le CRFPA, ça se bachote comme n'importe quel examen, donc pas d'inquiétude à ce niveau !
Courage et bonne chance :)
Kebens
Un grand merci pour cette nouvelle contribution !
SupprimerBonjour, je viens seulement récemment d'avoir eu connaissance de vos réponses et je vous en remercie beaucoup. Cependant, je me suis déjà inscrite en master 1 droit privé et sciences criminelles, qui me plaît davantage qu'un master droit privé pur, néanmoins j'ai toujours un petit remord pour le master de droit social auquel j'ai renoncé, je me laisse donc le mois d'août pour un eventuel retournement de situation. . (les masters 1 en question ne disposant pas d'un nombre de places limitées pour les inscriptions) donc on verra! En tout cas merci pour vos bon conseils je vais tâcher d'en tenir compte durant mes dernières réflexions.
SupprimerCordialement, Annabelle.
Annabelle,
SupprimerRassure-toi un M1 Droit Privé Général ou un M1 Droit Privé Sciences Criminelles, cela a la même valeur ajoutée. La différence se fait sur une réelle spécialisation comme le Droit Social que tu évoques. Tu pourras toujours intégrer un M2 Droit Social de toute façon.
Bon M1 !
Merci pour cet article bien intéressant. Est-ce que les avocats au Québec doivent faire ce genre de chose aussi? J'aimerais bien devenir avocat un jour et j'aimerais savoir comment ça marche.
RépondreSupprimerVictor,
SupprimerJe ne connais pas les modalités d'accès à la profession d'avocat au Quebec.
Je suis certain que tu trouveras d'autres informations en surfant sur des sites outre-atlantique...
Bonnes recherches !
Bonjour,
RépondreSupprimerJe viens tout juste de découvrir votre blog. Et je suis d'accord avec vous, je trouve que "élève avocat" claque beaucoup plus que "étudiant en droit" ^^
Merci pour ce témoignage très intéressant en tout cas. Avez-vous vos résultats ? Avez-vous déjà pensé à une spécialisation : droit pénal, droit du travail, divorce ... ?